Coqueluches des marchés en 2021, les biotechs se sont soudainement retrouvées sanctionnées par des valorisations planchers en 2022. Au point d'attirer les convoitises des plus gros acteurs.
Selon la banque d'investissement Torreya Capital, près de 200 sociétés de biotechnologie cotées dans le monde se négociaient à une valeur inférieure à celle de leurs réserves de cash la semaine dernière.
Pas étonnant, quand on sait que le secteur a perdu plus de 70% de sa capitalisation depuis février 2020, selon S&P Capital IQ. Autant dire que la fête est belle et bien finie pour le secteur. On pouvait voir des biotechs early-stage (comprendre : avec aucun produit commercialisé et donc aucun CA ; simplement des essais cliniques peu avancés en cours, avec donc une faible chance de commercialisation) valorisées à des montants délirants.
Pourquoi une telle disette ?
Il faut dire que les "experts" semblent peu optimistes pour le secteur à moyen terme :
"C'est bien LE secteur pour lequel on peut parler de capitulation complète et totale" - Andrew Clifford, PDG de Platinum Asset Management
"De nombreux PDG de biotechs cotées qui cherchaient à lever des capitaux ont soudainement l'impression d'être dans le Sahara" - Tim Opler, DG de Torreya
"C'est la pire correction à laquelle je n'aie jamais assisté en 22 ans de carrière" - Michele Gesuadi - Fondateur d'Infinity Investment Partners
La principale raison de ce naufrage tient dans la hausse des taux d'intérêts. Les biotechs (en particulier early stage à nouveau), doivent mener des essais cliniques coûteux pour commercialiser leurs produits, ce qui les rend particulièrement vulnérables lorsque le capital-risque est moins abondant. La mise à bien de leurs ambitions se trouve ainsi lourdement freinée par le contexte économique.
Leur valorisation aussi s'en est trouvée massivement affectée. Comme dans la tech, les marchés ne veulent plus entendre parler de profits lointains. D'autant plus lorsqu'ils sont incertains (impossible de savoir si tel ou tel nouveau traitement passera la batterie d'essais cliniques), et encore plus lorsque leur réussite éventuelle devrait s'avérer plus lointaine que prévu dans le temps. Qui a dit que la pharma est un abri aux retournements économiques ?
Pendant ce temps...Les hedge funds font leurs emplettes
Forcément, après une telle chute, les gros acteurs repartent à la chasse. Infinity Asset Management par exemple, avec 1,5mds$ d'actifs sous gestion, vient de lancer un nouveau fonds pour tirer profit de cette opportunité.
Même les plus gros groupes pharmaceutiques devraient en profiter : la chute actuelle leur permet de racheter des biotechs prometteuses à des prix cassés.
Il faut dire que malgré des risques très (trop ?) élevés, les opportunités business abondent à l'échelle du secteur. À titre d'exemple, Ark Invest estime que les actuelles avancées dans l'édition génomique devraient générer une croissance annuelle du marché de +54%/an (!) d'ici à 2026. Problème : il est particulièrement difficile et hasardeux de prédire quelles entreprises parviendront à tirer leur épingle du jeu...
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Hamza Triqui
Hamza est rédacteur chez bigfish investing. Ancien banquier d'affaires chez Lincoln International, Hamza dispose d'une connaissance hors pair du secteur des services financiers.
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