Tandis que de nombreux investisseurs attendent avec impatience les introductions de fintech comme Revolut, Stripe ou N26, une certaine licorne répondant au nom de Nubank pourrait bien leur griller la priorité. Mais que penser de cette jeune néo-banque brésilienne ?
Si vous n'avez encore jamais entendu parler de Nubank jusqu'ici, tout est normal. Cette fintech brésilienne ne dispose d'aucune activité en France, et n'a probablement pas prévu d'en avoir : elle se focalise exclusivement sur le marché latino-américain.
Si vous vous intéressez au monde des fintech en revanche, retenez ce nom : il est fort probable que vous vous surpreniez à lorgner dessus d'ici quelques mois. Car oui, Nubank prévoit de s'introduire en bourse; et ce, dès la fin de cette année.
Des débuts tonitruants
En à peine 8 ans, cette startup fondée à São Paulo a su croître à une vitesse fulgurante : composée de plus de 1,700 employés, elle ne cesse de faire monter sa valorisation au fur et à mesure que de nouveaux géants se joignent à la table des investisseurs.
Pour n'en citer que deux, le géant chinois Tencent (180m$), et un certain Warren Buffett, avec 500m$ injectés via Berkshire Hathaway. De quoi faire exploser la valorisation du groupe, estimée autour de 30mds$ aujourd'hui...Et qui pourrait bien atteindre 55mds$ d'ici à son introduction.
Il est parfois difficile de garder le sens des échelles avec de tels montants : même Nasser Al-Khelaïfi et ses 160m€ refusés pour Mbappé font pâle figure à côté !
Alors retenez simplement ceci : à 55mds$, Nubank serait déjà valorisée comme l'une des plus grosses licornes de la planète, aux côtés de Stripe, Revolut, ou encore SpaceX. Et il y a fort à parier pour qu'elle ne s'arrête pas en si bon chemin.
Comment expliquer un tel engouement ? C'est simple : le continent latinoaméricain rassemble à lui seul 660 millions d'habitants, dont environ la moitié ne dispose toujours d'aucun compte bancaire.
Si la pandémie a poussé une part non négligeable de cette frange a en ouvrir un (voir graphe ci-dessous), la part de la population ne disposant d'aucun compte reste considérable.
Un positionnement de choix
En plus d'un marché adressable largement sous-pénétré, Nubank peut aisément capter quantité de nouveaux clients dont les comptes sont hébergés dans des banques traditionnelles, aux tarifs bien plus élevés et au réseau d'agences relativement peu dense. A titre d'exemple, seules 60% des 5,570 municipalités composant le territoire brésilien disposent d'une agence bancaire.
Surtout, l'Amérique Latine dispose d'une population significativement moins aisée qu'en Europe. Une néo-banque représente donc la porte d'entrée rêvée pour de nombreuses personnes qui n'ont pas de banque faute de moyens, mais qui disposent pourtant bien d'un téléphone (deux-tiers d'entre eux selon la Banque Mondiale).
En Chine, où les néo-banques ont déjà été adoptées par une large part de la population, on peut ainsi voir de nombreux mendiants remplacer leur chapeau par des QR codes...Si cette même tendance de "néo-banquisation" de la société venait à se répliquer en Amérique Latine, il est évident que Nubank ferait carton plein.
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Hamza Triqui
Hamza est rédacteur et analyste chez bigfish. Ancien banquier d'affaires chez Lincoln International, Hamza dispose d'une connaissance hors pair du secteur des services financiers.
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