Souvenez-vous : suite à la mise à l’arrêt des vols en 2020, les marchés s’attendaient à un boom du secteur une fois les restrictions levées...
Deux ans plus tard, force est de constater que nous en sommes encore loin :
Air France-KLM est en baisse de 43% sur les 12 derniers mois,
Ce n’est pas beaucoup mieux outre Atlantique, où l’on pourrait pourtant s’attendre à une plus grande résilience due à la plus forte part de vols domestiques : Delta Airlines par exemple est en chute de 28% sur les 12 derniers mois.
Plus largement, le NYSE Arca Airline Index (regroupant 18 des plus grosses capitalisations du secteur) est à -39%.
« Pourtant, les avions sont pleins à craquer, le tourisme est en plein boom, et les prix des billets explosent...Cette baisse n’a aucun sens pour le secteur ! »
Malheureusement, si. Et non, cela n’est pas qu’une question de valorisations ici. Voyons pourquoi.
Des turbulences à l’horizon
OK, le secteur ne se porte pas particulièrement mal dans l’ensemble. Pour reprendre l'exemple de Delta Airlines, le groupe a enregistré une croissance de son CA de +125% au dernier trimestre comparé à celui de l'an dernier. Et sa rentabilité est elle aussi en forte augmentation. Ses marges brutes sont passées de -39%, à +5%, et sa marge opérationnelle de -61% à -8%. Cela reste poussif, mais reste une magistrale amélioration de sa performance en seulement un an.
Mais souvenez vous : les marchés sont portés sur l’avenir, pas sur le présent. Avec un horizon de moins d'un an, si l’on en croit la durée moyenne de détention d’une action sur les marchés financiers aujourd’hui.
Or, cette poussée post-COVID (si l’on peut se considérer "post-COVID") était attendue depuis longtemps, et a donc déjà été incorporée dans les valorisations. La baisse actuelle correspond bien plutôt à l’incorporation par les marchés d’une nouvelle baisse de l’activité au cours des douze prochains mois. Et ils ne s’y trompent probablement pas :
La hausse des taux d’intérêt va ralentir la croissance économique mondiale, et donc, le pouvoir d’achat des consommateurs. Or, quel est le premier poste de dépenses sur lequel vous serrez la ceinture en période de disette ? Les vacances.
La hausse des prix des billets n’a rien d’un luxe pour les compagnies aériennes : la hausse du prix du kérosène les force à se rendre plus cher, sans pourtant augmenter foncièrement leurs marges. Autrement dit, elles risquent de capter moins de volumes pour les mêmes marges par passager...Synonymes de bénéfices en berne.
Même à plus long terme, les avions font face à de plus en plus de vents contraires. Du développement du télétravail à la pénurie anticipée de personnel, en passant par une prise de conscience croissante de l’impact désastreux du secteur sur l’environnement.
Un nouveau crash test pour le secteur
Contre toute attente, les compagnies aériennes ont démontré une remarquable résilience lors de la pandémie de COVID-19. Mais à peine relevées, elles vont devoir faire face à un nouveau crash test, qui pourrait s’avérer encore plus long que le premier ; et ne sera probablement pas le dernier. Alors vous connaissez le discours : en zone de turbulence, attachez vos ceintures...
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Baptiste Martin
Baptiste est rédacteur chez bigfish investing. Spécialiste de la modélisation financière, Baptiste scrute chaque mois les comptes de centaines d'entreprises pour n'en garder que la crème de la crème.
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